À nos justes forces

Nous devisions dans un récent article sur l’idée que l’homme puisse être la mesure de toutes choses, ou, « à » la mesure de toutes choses.

La nuance, introduite par la préposition « à » ressemble au levier qu’Archimède (1) demandait pour soulever la terre en décuplant ses forces.

Épictète, au chapitre XXXVII de son manuel, nous met en garde ainsi : « Si tu prends un rôle au-dessus de tes forces… »

Que nous dit Epictète par la suite ?

Que nous allons nous faire écraser par la charge ? Que nous allons devoir demander de l’aide ? Nous déshonorer ?

« Pauvre figure ». Épictète nous dit qu’en prenant un rôle au-dessus de nos forces, nous allons faire « pauvre figure » et contrevenir ainsi au visage grave mais paisible du sage stoïcien.

Pire encore.

Je vous livre la sentence dans son entièreté : « Si tu prends un rôle au-dessus de tes forces, non seulement tu y fais pauvre figure, mais celui que tu aurais pu remplir, tu le laisses de côté ».

Nous pouvons tirer plusieurs morales de cette sentence qui seront chacune source de méditations :

  • Et si ce rôle nous était déposé par la vie elle-même sans notre consentement ? (Certes, la sentence est affirmative : « tu prends »)
  • La sentence ne nous dit pas si, malgré la pauvre figure, nous n’avons pas rempli la mission car nous nous sommes découvert plus fort que nous le pensions.
  • Doit-on s’en tenir qu’à des rôles où nous serions sûrs d’aboutir ?

À cette dernière question, les plus anglophones d’entre-nous se rappellerons la fameuse réplique de Bartelby : « I would prefer not to ». Nous en reparlerons.

Il arrive que la vie ne nous demande pas notre avis. Cependant, il nous est interdit de dire que nous n’étions pas prévenus.

Ami(e)s, souvenez-vous que vous êtes attendu(e)s, faites vos exercices et restez opérationnel(le)s.

Bien à vous.

PHB.

(1) C’est une sentence attribuée trop rapidement à Archimède, voici un lien pour compléter la source : https://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1955_num_24_1_3257